[CITERADIO] – Interview de Hervé Boutin, directeur de recherche à l’INSERM – 03/04/25

CITERADIO a eu l’opportunité d’interviewer Hervé Boutin, directeur de recherche à l’INSERM au sein de l’UMR 1253 IBrain et expert en imagerie biomédicale appliquée aux maladies neurodégénératives telles qu’Alzheimer, Parkinson et la sclérose latérale amyotrophique. Après près de deux décennies à l’Université de Manchester, il a intégré l’unité de Tour en mars 2023 pour y poursuivre ses recherches. Il co-dirige l’équipe 4 de l’unité, spécialisée dans l’imagerie ultrasonore et l’imagerie moléculaire, notamment la tomographie par émission de positons (TEP), pour étudier des processus comme la neuroinflammation, une inflammation cérébrale chronique qui contribue au développement de ces pathologies.
La technique de la tomographie par émission de positons (TEP) utilise des radiotraceurs qui sont injectés en quantités extrêmement faibles et donc ne présentent aucun danger pour les patients. Le processus de développement de ces traceurs est complexe, débutant par une idée biologique d’un processus impliqué dans la maladie, suivie de la collaboration avec des chimistes pour la modification des molécules. Ces molécules sont ensuite testées rigoureusement sur des cellules puis sur des modèles animaux avant de passer aux études cliniques chez l’homme. Ce développement est relativement rapide (4 à 6 ans) comparé aux médicaments, grâce aux doses infimes utilisées. Hervé Boutin est particulièrement fier d’avoir contribué à la validation d’un traceur désormais utilisé dans plus d’une vingtaine de laboratoires mondiaux, et 190 publications dont une soixantaine d’études cliniques chez l’homme.

Logo du laboratoire IBrain
Les traceurs ne sont pas des médicaments, mais des outils essentiels pour identifier et caractériser des processus pathologiques, permettant par exemple de classifier les patients et de suivre l’efficacité des traitements. Dans le cas d’Alzheimer, des scans amyloïdes révèlent la présence d’agrégats de bêta-amyloïde, permettant de s’assurer du diagnostic et de recruter des patients spécifiques pour des essais cliniques. Ces études ont démontré que l’accumulation d’amyloïde précède l’apparition des symptômes, soulignant l’importance d’interventions très précoces. L’imagerie est cruciale pour comprendre le lien complexe entre le cerveau physique et les fonctions mentales, en visualisant les circuits neuronaux et comment leur altération affecte la mémoire ou la pensée dans les neuropathologies.
L’expérimentation animale est une étape indispensable dans la recherche biomédicale, strictement réglementée en France et en Europe afin de limiter le nombre d’animaux et de prévenir toute souffrance. Des animaux comme les souris et les rats, souvent modifiés génétiquement pour reproduire les pathologies humaines, sont utilisés pour tester des hypothèses de traitement et des médicaments avant les essais chez l’homme, évitant ainsi des risques potentiels pour les patients. Des modèles plus simples comme les vers ou les poissons zèbres, et des modèles cellulaires avancés comme les organoïdes, sont également employés en amont pour réduire l’utilisation des animaux.
Merci à M. Hervé Boutin !

Hervé Boutin, directeur de recherche à l’INSERM au sein de l’UMR 1253
Interview réalisée par Raphaël Longis McMillan.