[CITERADIO] L’observatoire des inégalités publie son rapport sur la pauvreté – 06/12/2022
L’Observatoire des inégalités, situé à Tours, a publié mardi 6 décembre la troisième édition de son Rapport sur la pauvreté en France. Réalisé sous la direction d’Anne Brunner et de Louis Marin, le rapport dresse un état des lieux de la pauvreté : son ampleur, les personnes concernées et leurs conditions de vie, ainsi que son évolution au fil des ans. Retour sur les résultats principaux du rapport.
Les chiffres clefs à retenir
Parmi les nombreuses informations du rapport, 7 chiffres clefs sortent du lot :
- Le seuil de pauvreté en France, soit la moitié du niveau de vie médian, est de 940 euros par mois pour une personne seule (données Insee 2020)
- 4,8 millions de personnes vivent sous ce seuil, soit 7,6% de la population française (données Insee 2020)
- 2 millions de personnes sont dans une situation de très grande pauvreté (données Insee 2018)
- 6% des ménages n’ont pas les moyens de chauffer correctement leur logement (données provisoires Insee 2021)
- 19% des familles monoparentales sont en situation de pauvreté (données Insee 2019)
- 63% des pauvres vivent en ville (données Insee 2018)
- Le taux de pauvreté dépasse 65% dans 10 quartiers défavorisés de France (données Insee 2018)
Anne Brunner, directrice d’études à l’Observatoire des inégalités, a dressé un portrait des personnes en situation de pauvreté, en fonction de leur situation géographique, familiale, sociale, etc., à l’occasion de la conférence de presse de lancement du rapport (cf audio ci-dessous).
Stabilisation ou stagnation de la pauvreté ?
Lors de la conférence de presse de lancement du rapport, Anne Brunner est revenue sur l’évolution de la situation ces dernières années (cf audio ci-dessous).
Ainsi, d’après le rapport de l’Observatoire des inégalités, le taux de pauvreté s’est stabilisé entre 6,5% et 8,5% ces 20 dernières années. Les rédacteurs du rapport soulignent le rôle de notre modèle social dans cette stabilisation, qui « contient mieux la pauvreté que la plupart des pays européens » (p 12 du rapport). Ce modèle a notamment permis d’éviter une explosion de la pauvreté en France lors de la crise sanitaire. Ainsi, le nombre d’allocataire du RSA a diminué entre juin 2019 et juin 2022.
Cependant, le document alerte sur la situation sociale française. En effet la pauvreté ne baisse plus depuis 35 ans. Les revenus mensuels déclarés par les 10% des plus pauvres stagnent autour de 720 euros depuis le début des années 2000. En enlevant les prestations sociales, le rapport note même une régression : « le revenu déclaré [des 10% les plus pauvres] est passé de 687 euros au maximum par mois en 2003 à 673 euros en 2019 ». La pauvreté concerne particulièrement les milieux populaires, les moins de 30 ans, les personnes célibataires, les chômeurs et les inactifs, les personnes en situation de handicap et les immigrés. Or, dans le contexte actuel d’inflation, le pouvoir d’achat de ces personnes risque fortement de se dégrader encore plus. La situation est particulièrement alarmante dans les quartiers défavorisés ainsi que dans les départements et territoires d’Outre-Mer.
Comment agir ?
Ce rapport permet de mieux saisir la situation de la pauvreté en France, de mieux rendre compte des personnes concernées, de leurs conditions de vie et de leur répartition géographique. L’occasion pour les politiques publiques de s’emparer du sujet et de mettre en place une stratégie sociale adéquate, qui réponde à la situation. L’Observatoire des Inégalités a ainsi publié un document intitulé Réduire les inégalités, c’est possible ! 30 experts présentent leurs solutions, qui présentent des mesures pour agir sur les discriminations, l’éducation, les revenus, la protection sociale, la fiscalité, la santé et bien d’autres thèmes encore. L’Observatoire propose notamment la création d’un revenu minimum unique, dès 18 ans, de 900 euros par mois.
Nous avons posé la question “comment agir ?” à Louis Maurin, co-fondateur de l’Observatoire, lors de la conférence de presse donnée à l’occasion du lancement du rapport. Retrouvez sa réponse ci-dessous.
Aux pouvoirs publics de se saisir du sujet à présent.
Manon Salé